Ce lointain évêque du VI siècle, a-t-il encore quelque chose à nous dire, à nous, hommes et chrétiens du XXI émesiècle ? Oui, ne serait-que parce qu’il fut dans une époque particulièrement troublée, à l’instar de la nôtre, un homme de communication et le défenseur de tous les laissés-pour-compte. Césaire fut véritablement hanté par le sort des déshérités.

Or, servir les hommes, cela signifiait ouvrir les portes de son église et de sa cité à ceux que guerres et désastres avaient jetés nus sur les routes, négocier la libération des prisonniers, parfois celle des habitants d’une ville entière, fournir aux personnes déplacées les moyens de regagner leur patrie et aux familles séparées la possibilité de se retrouver. Pour y parvenir, Césaire a pris tous les risques sans tenir compte de l’ethnie ni de la religion.

Pour d’autres démunis, les malades, dont il connaissait d’expérience les souffrances et les besoins, il fut le premier évêque d’Occident à faire construire un hôpital et à le doter d’un personnel « spécialisé ». Son autre obsession: l’indigence spirituelle. Comment convaincre les hommes qu’ils sont « le temple de Dieu » ? La société d’Arles vivait alors une profonde crise de civilisation.

La culture classique, gloire et ciment de l’Empire, avait mal résisté à la chute de celui-ci et ne faisait plus que survivre d’initiés. En particulier, l’art oratoire traditionnel ne touchait plus une génération née sous la domination des Barbares. Pour rétablir entre les fidèles et le clergé la communication indispensable à la transmission de la parole de Dieu, Césaire effectua une véritable révolution dans les habitudes de la prédication.

Malgré l’opposition des élitistes et des nostalgiques du passé, il décida de parler à cette génération nouvelle un langage nouveau, son propre langage. Les hommes de son temps ne s’y sont pas trompés; ils ont répandu ses sermons dans l’Europe entière ; et leurs descendants les ont réutilisés pendant des siècles.

Césaire d’Arles est l’un des rares saints de l’Antiquité tardive sur lequel nous possédons un nombre important de témoignages contemporains. Nous les devons notamment aux cinq auteurs de la Vita Caesarii, rédigée peu après la mort de l’évêque, sur les instances de sa nièce, Césarie la Jeune.

Fils de propriétaires gallo-romains des environs de Chalon-sur-Saône, Césaire naît en 470, au moment où va disparaitre le dernier empereur romain d’Occident et où la Gaule achève de tomber sous la domination des Barbares. Les pays situés au nord de la Loire sont virtuellement entre les mains des Francs, le Sud entre celles des Wisigoths, et l’Est (des Vosges à la Durance, y compris Chalon) entre celles des Burgondes.

Les premiers sont encore païens, les deux autres peuples dominants ont adhéré au christianisme, mais sous la forme de l’arianisme. Dès son enfance, Césaire apprend ainsi la coexistence au voisinage des « hôtes » burgondes, avec lesquels il a fallu partager les terres, les bâtiments et les esclaves.

Les années de Formation

A 18 ans, contre le vœu de sa famille, il reçoit la tonsure des mains de l’évêque de Chalon, manifestant ainsi sa volonté de renoncer à la vie laïque. Ce n’est encore qu’un premier pas. Deux ou trois ans plus tard, il décide de se consacrer à Dieu sans partage et s’enfuit, à l’insu des siens, jusqu’à l’île de Lérins, qui abrite l’une des plus célèbres communautés religieuses du temps.

Il y découvre les beautés de l’office chanté, s’imprègne des textes de la Bible et des Pères, notamment des écrits de saint Augustin, et s’initie à la vie religieuse. Le voici bientôt libre de mener une vie presque érémitique et de rivaliser avec les Pères du désert. Sa voie semble désormais tracée : ce sera celle d’un ascète et d’un contemplatif. Mais Dieu en a décidé autrement. Par ses mortifications excessives, Césaire a si bien compromis sa santé que son abbé l’envoie, malgré lui, se soigner à Arles, ville de tout temps réputée pour ses médecins.

Nous sommes dans les toutes dernières années du Vème siècle. Arles, un temps capitale d’empire, n’est plus depuis une génération qu’une ville soumise aux wisigoths. Elle n’en demeure pas moins un centre important, et la vieille aristocratie gallo-romaine y maintient tant bien que mal autour de son évêque, Eone, les traditions humanistes du passé. Consciente des qualités exceptionnelles du jeune moine qu’elle accueille, elle va s’efforcer de lui donner le vernis qui lui manque et de le gagner aux prestiges de la culture classique.

Il semble que Césaire au début, se soit laissé séduire. Il accepte de suivre l’enseignement d’un célèbre rhéteur africain en exil Pomère, et abandonne parfois la lecture des psaumes pour celle de Virgile.

Mais voici qu’une nuit notre nouvel étudiant, fatigué, s’endort sur son livre: un serpent lui apparait alors en songe, occupé à dévorer le bras sur lequel le livre reposait. Intervention divine ou simple cristallisation des troubles de la conscience ? Le fait est que Césaire renonce aussitôt et de façon définitive aux belles lettres pour revenir à une culture purement religieuse, fondée sur l’étude des textes sacrés.

Les années de formation s’achèvent. Eone a reconnu en lui un parent ; il l’agrège à son clergé, l’ordonne prêtre et l’envoie bientôt comme abbé dans un monastère de la banlieue. Avant de mourir trois ans plus tard, le vieil évêque recommande qu’on choisisse Césaire pour lui succéder. Le voici arraché de nouveau et définitivement cette fois, à la vie monastique. Consacré évêque métropolitain en 503, Césaire est désormais un personnage officiel qui doit compter avec le clergé, la population du diocèse et le gouvernement soupçonneux des occupants.

L’évêque suspect et contesté

Très vite, le nouvel évêque se trouve en butte à de dangereuses inimitiés. Certes, son élection a été ratifiée par le roi des Wisigoths Alaric Il et par la communauté arlésienne, mais il n’en est pas moins vrai que c’est aux démarches officieuses de son prédécesseur et parent qu’il doit son siège. Pourquoi, disent certains, avoir choisi ce moine, nouveau venu, au mépris des anciens membres du clergé local ?

D’ailleurs cet homme est un étranger. Ne serait-il pas à la solde des Burgondes ? C’est ainsi qu’entre 503 et 513 Césaire sera accusé trois fois de haute trahison. Cela lui vaudra d’abord d’être exilé à Bordeaux, plus tard ensuite d’être incarcéré et sérieusement menacé de mort, enfin d’être cité à comparaitre à Ravenne devant le roi des Ostrogoths Théodoric. Finalement la confiance du roi fera taire ses accusateurs. Quant à l’attitude de l’évêque face au pouvoir, elle restera toute sa vie respectueuse mais distante, même après 536, sous des rois Francs devenus catholiques.

Le pouvoir politique à vrai dire, n’est pas seul en cause. Césaire a trouvé des délateurs dans son propre clergé et des opposants dans la population, qui a eu beaucoup de mal, les premières années à accepter, la conduite de son évêque. Ce fut le cas notamment en 508, après le terrible siège d’Arles par les Francs et les Burgondes, siège suivi par la mainmise sur la province des « libérateurs » ostrogoths. Ceux-ci avaient ramené en ville, de nombreux prisonniers qui campaient dans les basiliques et parvenaient à survivre grâce aux distributions quotidiennes de pain faites par l’évêché.

Un jour, l’intendant prévient l’évêque que, s’il s’obstine, aujourd’hui encore, à nourrir ces hommes au lieu de les envoyer mendier dans les rues, demain il n’aura pas de pain sur sa table.

 « Qu’on distribue les pains comme d’habitude, répond Césaire ; nous les mangerons ensemble. Si demain il n’y a pas de quoi manger, nous jeûnerons ensemble; mais aujourd’hui, les captifs n’iront pas mendier par les rues tandis qu’ils nous voient manger VC II,8».

Le rachat des prisonniers

Non content de nourrir ces païens et ces hérétiques, ennemis du pays, au risque de condamner les siens à mourir de faim, Césaire dépouille son église pour payer leur rançon. De peur

« qu’un homme  doué de raison ne perde son statut d’homme libre et ne tombe en esclavage »VC ,I, 32

il vide le trésor accumulé par des générations de fidèles arlésiens, fait vendre tous les objets précieux, les ornements d’argent et

 « jusqu’aux vases sacrés du temple pour le rachat du vrai temple »VC,I,,32

tout cela, on l’imagine, au grand scandale des bien-pensants.

La paix revenue, Césaire continue inlassablement son œuvre de libération des captifs. Il envoie des abbés, des diacres et des clercs dans son diocèse et au delà, et se rend en personne jusqu’à Carcassonne pour en racheter.

Un jour, alors qu’il est à Ravenne, tout juste innocenté d’une accusation de trahison, le roi Théodoric lui fait don d’un plat d’argent massif d’un poids considérable, le priant

« de s’en servir en mémoire de lui ».VC,I ,37

Sans hésiter, sous l’œil horrifié des serviteurs du roi, Césaire fait mettre le plat aux enchères. Mais le roi informé applaudit. Il ne reste plus aux courtisans et aux grands, tant à Rome qu’à Ravenne, qu’à rivaliser de largesse. Césaire pourra avant de quitter l’Italie, libérer et renvoyer chez eux une foule de prisonniers, et en particulier les habitants de la ville d’Orange qui avaient été tous emmenés par les Goths en captivité.

Malgré cette générosité, jugée souvent irresponsable, l’évêque d’Arles laissera son église beaucoup plus riche à sa mort qu’elle ne l’était au moment où il l’avait prise en charge. Dans le domaine de la charité, il prend la responsabilité du présent, et laisse à Dieu le soin de l’avenir.

Les Miracles

Le présent le requiert d’ailleurs entièrement. Lorsque des périodes plus paisibles succèdent aux moments de crises, Césaire utilise ces répits pour visiter, de la Camargue au Var, de la Durance à la Méditerranée, les paroisses de son diocèse, un des plus vastes du sud-est de la Gaule. Ces visites pastorales sont un événement pour des populations qui attendent de leur évêque non seulement une protection humaine, mais la preuve qu’il s’agit bien d’un homme de Dieu. Autrement dit, on attend de lui des miracles…

Césaire d’Arles

La Vie de Césaire comporte le récit de vingt-quatre miracles accomplis par le saint de son vivant. En trois occasions au moins, il arrête un incendie par ses prières; une autre fois, il obtient que les sangliers disparaissent des champs de l’évêché, devenus terrain de chasse privilégié des seigneurs de l’époque, au grand dam des paysans. Son bâton pastoral suffit à protéger une propriété de la grêle et de l’orage qui la dévastait. Toutefois plus qu’un thaumaturge, Césaire est un guérisseur. Environles deux tiers des miracles qui nous sont rapportés concernent des malades physiques ou mentaux.

Voici le plus curieux de ces miracles. Césaire visitait la paroisse de Ceyreste. Il se tenait dans la basilique lorsqu’il vit s’approcher de lui une jeune fille, le visage affreusement déchiré. Chaque fois que cette malheureuse mettait le pied hors de la maison, une multitude de corbeaux se jetait sur elle, lacéraient son visage et toutes les parties de son corps qu’ils pouvaient trouver nues. Bouleversé à la vue de ce visage défiguré, l’évêque fit venir la jeune fille près de l’autel, lui imposa les mains et ayant béni de l’huile, lui en oignit les yeux et les oreilles. Il la renvoya ensuite guérie de ses meurtrissures et, depuis lors, elle ne fut plus jamais inquiétée.

Conformément à ce qu’on attend de lui, Césaire accomplit donc des miracles, certains d’ailleurs à son insu, mais l’image que nous percevons de lui à travers sa biographie est celle d’un homme plutôt réticent à leur égard. Il sait trop bien le risque qu’il court à se voir attribuer une puissance qui n’appartient qu’à Dieu.

Son rôle à lui, tel qu’il le conçoit, est avant tout de faire connaitre le message divin. Il en est convaincu, si obsédé qu’aux dires d’un diacre, qui partage sa chambre il prêche même la nuit dans ses rêves. Mais comment la prédication était-elle perçue à Arles en ce début du VI émesiècle ? Assez mal. Césaire en fit un jour l’expérience à ses dépends. A peine s’apprêtait-il à parler, après la lecture de l’évangile, qu’il vit l’église se vider. Arles venait de bénéficier d’une succession d’évêques lettrés qui ne craignaient pas de prêcher deux heures d’affilé.

Tandis que pour le plaisir délicat de quelques-uns ils enchainaient les périodes et filaient des métaphores précieuses, les fidèles, dans leur majorité, désertaient l’église et fuyaient des discours incompréhensibles. Césaire prit alors deux décisions: d’une part il fit fermer les portes de l’église après la lecture de l’évangile; d’autre part, il s’engagea à ne pas parler plus de dix à quinze minutes maximum.

Plus de longs discours, plus d’allusions littéraires ni de termes recherchés: un langage concret, direct, des comparaisons tirées de la vie quotidienne; le plus souvent, une explication simple des lectures du jour, accompagnée du rappel constant des vérités fondamentales du christianisme et des obligations morales d’un chrétien. Non qu’il rejette tout recours aux figures de rhétorique, mais il en use sobrement et, même lorsque son public s’y prête, seulement pour mieux toucher son imagination et son cœur.

Tant pis si on lui reproche de prêcher dans un langage de «paysan ». L’évêque ne doit-il pas se faire « tout à tous » ? S’il parle simplement, il ne craint pas de proclamer haut et fort les exigences de justices et de charité du christianisme, d’attaquer les coutumes les mieux établies, comme les beuveries, la liberté sexuelle des jeunes hommes et le concubinage.

Autre inquiétude: malgré les apparences, la religion romaine n’est pas morte en Arles, la superstition ancestrale non plus, même chez les chrétiens. A cela s’ajoute la présence d’astrologues et de manichéens dans cette population mêlée à laquelle Césaire ne se lasse pas de rappeler que l’homme estlibre et responsable, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qu’un Christ sauveur.

A ce public fruste et souvent illettré il ne craint pourtant pas de faire confiance, lui recommandant la lecture fréquente de la Bible « Quand les nuits sont longues, dit-il, y aura-t-il quelqu’un capable de tant dormir qu’il ne puisse lire personnellement ou écouter les autres lires, l’Écriture sainte au moins pendant trois heures ?».s.6,2

Quel prêtre oserait en demander autant aujourd’hui ?

Voilà ce qu’il prêche, non seulement le dimanche et les jours de fêtes, mais aussi dans la semaine, à l’office du matin et à celui du soir. Et ce n’est pas encore assez pour le feu qui l’anime : le message de Dieu doit être proclamé dans chaque paroisse et dans tous les diocèses. A ses collègues dans l’épiscopat, Césaire rappelle de façon véhémente ce devoir de leur charge et celui de la partager avec les prêtres et les diacres. A cette époque, prêcher est encore le privilège des évêques; au grand préjudice des fidèles, notamment de ceux qui ne sont pas des citadins.

Pour lutter contre une coutume criminelle à ses yeux, Césaire va procéder en deux temps: en 527, il fait reconnaitre par le concile de Carpentras l’autonomie financière des paroisses, donnant ainsi plus d’autorité aux prêtres qui en ont la charge.

Puis en 529, il obtient que le concile de Vaison accorde aux prêtres des paroisses rurales aussi bien qu’urbaines le droit de prêcher et aux diacres, celui, en cas de besoin, de lire aux fidèles une homélie des Pères.

D’autre part, soucieux d’assurer la formation d’un clergé dont il accroît les responsabilités au moment où les écoles publiques disparaissent, Césaire fait décider par le même concile que désormais les prêtres logeront auprès d’eux de jeunes « lecteurs » et se chargeront de leur formation. Ces derniers parvenus à l’âge d’homme, pourront choisir entre le mariage et l’entrée dans les ordres. Par ce canon du concile de Vaison, Césaire signait l’acte de naissance des écoles paroissiales et des futurs séminaires.

L’œuvre homilétique, théologique et monastique.

Mais en attendant l’effet de ces mesures, comment assurer la diffusion de la doctrine, à commencer par celle du symbole Quicumque dont il reste jusqu’à ce jour le premier témoin connu ? Poussé par un sentiment d’urgence, Césaire va réunir ses sermons en recueils, un sur les grandes fêtes liturgiques, un autre sur les sujets variés de morale, un troisième pour chaque dimanche de l’année. Ces ouvrages, recopiés dans des ateliers de copies arlésiens, il les envoie

 « jusqu’aux confins du royaume Franc, dans les Gaules, en Italie, en Espagne, ailleurs encore ».VC.7, 55

Il supplie ses lecteurs de les faire recopier à leur tour « sur parchemin » et de les distribuer autour d’eux.

Leur succès fut considérable. Mais pas plus que Césaire n’hésitait à emprunter largement aux homélies de ses prédécesseurs, à celles de saint Augustin en particulier, il ne se souciait de sa propre survie littéraire. Lorsque son nom tomba peu à peu dans l’oubli, ses sermons furent attribués à l’un ou à l’autredes Pères dont la célébrité avait mieux traversé les siècles. A notre époque, il a fallu cinquante ans de recherches à Dom Germain Morin pour en restituer 238 à leur auteur et depuis, les découvertes continuent.

L’ampleur de l’œuvre homilétique de Césaire et l’importance que l’évêque accordait à la prédication ne doivent pas nous faire oublier ce que nous lui devons dans d’autres domaines. C’est lui qui a rédigé les canons du concile d’Orange de 529, canons auquel le pape Boniface a donné force de loi dans l’ensemble de l’Église, mettant ainsi un terme à une querelle séculaire sur les rapports de la grâce et du libre arbitre. Césaire s’y montre disciple fervent mais mesuré d’Augustin, soucieux d’éviter également les deux écueils de la prédestination au mal et du pélagianisme.

Contre l’hérésie arienne, il a rédigé deux courts traités et multiplié dans la liturgie la formule trinitaire. Nous lui devons par exemple l’introduction du sanctus, sanctus, sanctus à toutes les messes et le sicut erat in principio….. à la suite du Gloria Patri….

Mais de toutes les œuvres, c’est la fondation du monastère Saint Jean qui fut la plus chère à son cœur.Là, il installa, sous la conduite de sa sœur, puis de sa nièce, une communauté de religieuses, protégées, pour la première fois, par une stricte clôture. Il obtint qu’elles ne dépendent que du Pape, et pour elles, il écrivit la première Règle, conçue spécialement pour des femmes. C’est cette règle que la reine Radegonde choisit pour ses religieuses de sainte Croix à Poitiers.

A l’heure actuelle, l’asile Saint-Césaire se trouve sur l’emplacement du monastère, détruit à la Révolution. Les reliques de Césaire furent dispersées à la même époque. Quelques pièces d’habillement ont quand même été sauvées et se trouvent dans le trésor de l’église de la Major : trois sandales nous révèlent le petit pied de Césaire et probablement sa petite taille; une boucle de ceinture en ivoire, d’origine égyptienne, semble-t-il, et des restes du pallium, qu’il avait seul le droit de porter en Gaule.

Avec deux morceaux de son bâton pastoral, ce sont les seules traces matérielles qui nous restent de sa vie. Quelques paroisses en France et une au Canada portent encore son nom ; une statuette reliquaire* et un émail nous permettent d’imaginer la permanence de son culte au Moyen-Age. Puis la personnalité et l’œuvre de Césaire tombèrent peu à peu dans un quasi-oubli. C’est le mérite du XXI e siècle d’avoir redécouvert un des saints du passé les plus accessibles aux hommes de notre temps.